Quel rôle le thérapeute Gestalt peut-il jouer dans votre chemin de vie ?
Ce matin j’ai eu une séance de thérapie avec une cliente qui m’avoue un peu déconcertée :
“ Arnaud, je suis en vie, mais en même temps, je me sens tellement déconnectée de moi-même”.
En discutant plus en profondeur avec elle, je constate qu’elle est en apnée dans sa vie, et ce depuis très longtemps.
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Elle est en mode survie, et elle ne s’en rend pas compte.
Elle me partage qu’elle est stressée continuellement par son environnement, par son travail et qu’en plus, elle se sent fréquemment submergée par ses émotions qu’elle n’arrive plus à gérer.
C’est un peu comme si elle ne laissait pas son corps et son être se reposer.
Ce genre de problème est très fréquent en thérapie.
Certaines situations que nous vivons peuvent nous amener à nous couper de nous-même et ne pas nous sentir en vie.
Dans ce genre de cas, le thérapeute va avoir un rôle très particulier : il va aider son client à revenir à soi et a reprendre possession de sa vie.
Et même plus que cela, il va l’aider à être créateur de sa vie.
Cet article s’adresse aux thérapeutes mais également aux personnes qui sont attirées par la relation d’aide et qui souhaitent en faire leur métier.
Je vous explique précisément en quoi le thérapeute possède clairement un rôle déterminant dans l’accompagnement de ses clients.
Pour ceux qui sont déjà praticien ou thérapeute, je vous donne les clés essentielles pour que vous puissiez aider vos clients à avancer dans leurs objectifs et les accompagner au mieux.
1. Que fait concrètement le Gestalt thérapeute pour aider son client ?
Accueillir ce qui se passe
Le rôle du thérapeute est d’accueillir tout ce qui se passe pour son client, d’être dans la bienveillance et le non jugement.
Il va avoir à pratiquer un dialogue régulateur qu’il a appris lui-même en devenant thérapeute.
Je vous entends déjà me poser la question :
“C’est quoi un dialogue régulateur ?”
Il va respirer, prendre du recul, écouter avec grande attention les inquiétudes de son client.
Il va réguler ses propres émotions et surtout aider la personne qu’il accompagne à accueillir et réguler les siennes.
Quand un client ressent un trop plein d’émotions, ce dernier n’a plus accès au cortex pré-frontal qui est le siège de la réflexion.
Le client va donc avoir du mal à réfléchir de façon rationnelle, à prendre des décisions.
Le rôle du thérapeute ici va être de l’épauler pour qu’il accueille l’émotion, la conscientise et la régule.
Comprendre ce qui se passe
Le thérapeute va se mettre dans une intention bienveillante de comprendre ce qui se passe dans la vie de son client.
Voici des questions concrètes qu’il va être amener à se poser :
“Qu’est-ce qui est important dans ce qui est dit, ?”
“D’où vient cette tristesse ? ”
« Où est le vrai problème ? ”
“D’où vient cette colère ? ”
“Qu’est-ce qui s’est passé ? ”
En se posant ces questions, le thérapeute va relier la situation à un concept Gestalt.
Ici, son rôle de thérapeute est d’aider son client à mettre des mots afin de mieux comprendre ce qu’il se passe dans la vie de son client.
Mettre du sens
Le thérapeute va mettre du sens, aider la personne qu’il accompagne à comprendre pourquoi elle est si activée sur un sujet.
“Qu’est-ce que ça lui fait vivre ? ”
Il ne va pas donner son avis, il va aider a donner du sens et parfois proposer un autre sens à ce que vis ou a vécu la personne.
Décoder les fonctionnements de son client
“ Qu’est-ce qui se passe dans le self ? “
“En quoi cela fait-il résonance à des expériences passées ? ”
“Qu’est-ce que la personne projette ? “
“Qu’est-ce qu’elle vit ? “
Pendant l’accompagnement thérapeutique, le thérapeute va vraiment décoder tout ce que va dire son client pour l’accompagner au mieux face à ses difficultés.
Accompagner le changement
Le thérapeute va se mettre dans une nouvelle posture : il va accompagner le changement de son client.
Il va observer ses attitudes, et ses ajustements qui sont peut-être encore conservateurs.
Il va utiliser des outils de Gestalt pour aider son client à opérer les changements en lui.
Créer du lien
Quand un thérapeute n’est plus dans son rôle de thérapeute, il va perdre le lien avec son client.
Par exemple, s’il veut avoir juste raison et rentrer maladroitement dans un polémique, le lien va s’abîmer.
Un lien thérapeutique se construit. Nous apprenons d’ailleurs à nos élèves à le construire correctement.
Le thérapeute va choisir consciencieusement chaque mot qu’il va utiliser dans le but de garder et maintenir ce lien si précieux avec son client.
2. Le lien thérapeutique, une relation de confiance
Un thérapeute n’est pas là pour donner des conseils
Le thérapeute n’est pas un médecin.
Il n’est pas un nutritionniste.
Il n’est pas un conseiller en santé.
Le thérapeute peut avoir des idées sur la médecine, mais il ne va jamais vous donner un avis sur le traitement que vous prescrit votre médecin, ni vous dire ce que vous devez faire à ce sujet.
Ce n’est pas son rôle.
De même, un thérapeute n’est pas là pour donner des conseils en nutrition, les nutritionnistes sont là pour cela.
En revanche, le thérapeute peut donner de l’information.
Il peut par exemple, recommander à son client de lire un livre parce qu’il pense que cela peut l’éclairer.
La personne se fera d’elle-même sa propre opinion.
Un thérapeute peut vous conseiller d’aller voir un ostéopathe, un nutritionniste.
Il va le faire dans l’intérêt élevé de son client.
Il ne va prendre le rôle de l’ostéopathe, ni du nutritionniste et donner des conseils sur le sujet.
Ce n’est pas un conseiller en santé.
Il arrive parfois qu’un thérapeute soit également naturopathe, infirmier(e), voire médecin. Si c’est le cas, alors il doit faire des séances bien distinctes avec son client pour éviter les confusions.
C’est très important.
Pourquoi ?
Le client a généralement une grande confiance en son thérapeute et pourrait suivre à la lettre chacun de ses conseils.
Le thérapeute va penser bien faire en donnant des conseils de nutrition par exemple qui ont marché pour lui, mais ce qui a marché pour lui ne fonctionnera peut-être pas pour son client.
Cela peut avoir un impact émotionnel fort dans la relation thérapeutique et dans la confiance en son thérapeute.
Chaque conseil donné par un thérapeute est fait dans l’intérêt élevé du client et par déontologie, il ne faut pas mélanger les métiers.
3. Les défis du moment que rencontrent les thérapeutes
Attendre encore pour réaliser certains rêves
Quand on est face à un changement, une période difficile, arrive un jour la lumière qui vous redonne l’espoir que l’on touche à la fin du problème.
Vous allez être dans cet état d’esprit là, que la délivrance est proche.
Il arrive parfois que cet espoir soit de nouveau remis en cause.
Et là vous réalisez que ce n’est pas encore la fin du problème.
Dans ce cas bien particulier, il va y avoir un travail de deuil à faire.
C’est un deuil de l’espoir d’avoir fini un cycle.
Un peu comme si vous étiez malade, puis vous guérissez et vous faites une rechute.
La rechute est parfois plus déprimante, car cela vous replonge dans le problème et vous le sentez de nouveau arriver.
Beaucoup de personnes qui sont en thérapie vont être là dedans et souvent sans le savoir.
Le thérapeute va faire une contribution de sens : il va allumer la lumière dans une pièce sombre.
Il va expliquer à son client qu’il n’ est pas dans un nouveau cycle mais qu’il est toujours dans l’ancien.
Tous les rêves que vous aviez pendant la lueur d’espoir s’amoindrissent :
“je vais changer ma vie, avoir de nouvelles résolutions”
Cela peut amener du découragement, de la lassitude parce qu’il y avait un espoir de changement.
Tout cela est complexe à gérer émotionnellement et vous allez faire face à une fatigue physique et psychique.
On dit souvent que le thérapeute est empathique et qu’il est “dans le lien”.
Le rôle du thérapeute est d’allumer la lumière qui est en vous.
Thérapeutes ou praticiens : pour aider vos clients, rappelez leur ce qu’ils aimeraient changer dans leur vie
Quelles décisions peuvent-ils prendre ?
Leur décision doit être suivie d’un engagement.
Le client ne doit pas s’engager par rapport à son thérapeute mais par rapport à lui-même.
De mettre de l’engagement va leur faire échapper à tout ce qui est irréaliste et les rapprocher du concret.
Quand quelque chose devient réaliste dans notre esprit, on va avoir tendance à le faire, à le mettre en mouvement.
Souvent, le client se met naturellement en mouvement et passe à l’action pour garder une bonne image de lui-même, ce qui peut être un moteur intéressant.
4. Les zones d’influence qui vont aider le client à avoir plus de liberté
Beaucoup de personnes veulent changer la réalité des choses.
Pourtant, notre travail en tant qu’humain, c’est d’accepter le réel tel qu’il est.
Accepter ne veut pas dire être d’accord.
Pour cela, nous avons en Gestalt 3 zones d’influences qui permettent de prendre conscience de nos responsabilités.
La zone 1 : Zone d’influence première
C’est la zone qu’on va travailler en premier en Gestalt.
C’est celle qui va montrer comment vous allez vivre les différentes situations de votre vie, les contraintes.
La zone d’influence est la zone où vous avez le tout pouvoir sur vous-même.
Par exemple, vous voulez sortir de chez vous, mais il pleut dehors.
Vous vous dites :
“oh là là j’ai pas envie qu’il pleuve”.
Vous pouvez vous activer et résister au fait qu’il pleuve.
En Zone 1, vous allez vous dire :
“ ok, il pleut, comment je veux vivre la situation ?”
Cela vous appartient, vous avez le plein pouvoir sur vos pensées.
Dans l’espace thérapeutique, le rôle du thérapeute est d’analyser votre façon de voir les choses et de vous aider à prendre des décisions en douceur grâce à toutes les zones d’influence que je vais vous décrire maintenant.
Si vous n’êtes pas heureux dans votre couple, le thérapeute ne va pas vous dire de changer de partenaire après la première séance.
Il va regarder sans jugement et dans la bienveillance ce qui se passe pour vous dans votre couple, pourquoi vous êtes en couple, quelle est son histoire et comment vous vivez la situation.
Peut-être qu’à un moment, vous allez prendre des décisions mais pas dans un passage à l’acte immédiat.
La zone 1 c’est comment vous voulez vivre avec les contraintes de votre vie aujourd’hui ?
La zone 2 : vous et les autres, la zone partagée d’influence
Qu’est-ce que vous allez choisir de faire dans votre relation avec l’autre ?
Comment agissez-vous ?
Que faites vous ?
Comment l’autre réagit avec vous ?
Vous n’êtes pas responsable des actes et de ce que pense l’autre.
En revanche, vous allez être responsable de votre façon d’agir et de vos pensées.
Rappelez-vous : vous avez le plein pouvoir sur vos pensées, vos paroles et vos actes.
La zone 3 : ce qui se passe dans le monde
Vous ne pouvez pas lutter contre le réel.
Il faut beaucoup d’énergie pour changer le monde.
Imaginez un instant qu’en vous réveillant demain votre nouveau but serait de changer les frontières de tous les pays.
Quelle énergie vous faudrait-il pour changer cela ?
Dans cette zone, on va accepter ce qui est.
Accepter ne veut pas dire que l’on est d’accord.
Accepter veut dire qu’on va avoir du lâcher prise sur ce qu’on ne maîtrise pas.
Vous pouvez choisir de garder votre énergie pour autre chose.
Plus vous allez vous rapprocher de la zone 1 d’influence, plus vous allez avoir de l’influence sur vous-même et sur les autres.
En Gestalt, vous avez toujours un espace de choix.
On ne peut pas vous enlever ce que vous allez ressentir à l’intérieur de vous-même.
Vous avez le choix de vivre les choses de deux manières :
En tant que victime, en pensant que la vie vous impose des choses.
En tant que créateur, en vous ajustant aux contraintes tout en vous créant votre propre espace de liberté.
Plus vous allez investir dans votre zone d’influence, plus vous allez changer le monde.
Mais avant tout, la première personne qui va changer, c’est vous.
Le thérapeute, un spécialiste doté d’une palette multicolore ?
Empathique, conscient, donnant du sens, inspirant, le thérapeute est un véritable virtuose.
Vous l’avez compris en lisant cet article : le rôle du Gestalt thérapeute est un rôle multicolore.
Il va aider son client à accueillir ses émotions, comprendre ce qui se passe dans sa vie. Pour cela, il va mettre du sens sur ce que dit la personne.
Il va décoder ce que dit son client pour l’accompagner au mieux face à ses difficultés.
Le thérapeute va utiliser des outils de Gestalt pour l’aider à opérer des changements en lui.
En fait, le thérapeute va choisir consciencieusement chaque mot qu’il va utiliser dans le but de garder et maintenir ce lien si précieux avec son client.
Par ailleurs, le rôle du Gestalt thérapeute va être d’allumer la lumière qui est en vous pour qu’elle brille le plus fort possible.
Il va vous aider à prendre des engagements pour agir sur les changements que vous avez besoin de voir en vous.
En vous orientant sur les 3 zones d’influences dont je vous ai parlé un peu plus haut, vous allez mieux cibler où dépenser votre énergie.
Et pour tout ce qui ne vaut pas la peine, vous allez pouvoir faire appel au lâcher prise.
Tous ces concepts prennent vie dans notre école.
Nous avons formé des thérapeutes.
Vivre d’un métier qui est au plus près de leurs valeurs.
C’est un métier qui a transformé leur vie personnelle et professionnelle, c’est souvent ce qu’ils nous disent.
Si vous avez envie d’aller plus loin dans cette introspection sur vous ou que vous désirez démarrer une nouvelle passion en aidant les autres, je vous invite à réserver votre rendez-vous avec un de nos conseillers pédagogiques.
Lors de cet appel, vous pouvez poser toutes vos questions sur nos formations.
Alors pourquoi pas vous ?
4 Responses
Merci pour cet article structuré, concret, efficace rappelant d’ailleurs des principes vus dès la première année du cycle. Reprendre et/ou rappeler les bases du métier est la clé du succès de tous métiers. Merci d’avoir pris ce temps.
Bonjour Lucille, merci. Nous mettons beaucoup de coeur à l’ouvrage. Nous sommes ravis que cela vous plaise !
« Créateur de vie », un métier qui m’attire profondément !
Vous êtes donc sur la bonne voie en lisant nos articles !