Pourquoi est-ce que l’on peut changer ?
Nous allons parler maintenant du cerveau au 3ème millénaire :
Il y a 30 ans, on pensait que le cerveau était une structure achevée, avec un nombre fixe de neurones,
et que, à chaque instant, on perdait des neurones.
Aujourd’hui, on sait que le cerveau peut croître, que certaines parties se régénèrent.
Ce n’est pas une structure achevée, mais il se développe toute la vie, et peut créer de nouvelles connexions.
Il y a 30 ans, on pensait qu’il y avait un déterminisme du cerveau.
Aujourd’hui, on sait que c’est un organe souple, capable de s’adapter.
En lui faisant faire certaines tâches, il se met à fonctionner autrement :
on sait que la psychothérapie transforme la biologie du cerveau.
Il y a 30 ans, on pensait que le cerveau était une réalité organique (que c’était de la chair).
Aujourd’hui, on parle du cerveau comme un organe interpersonnel :
cela signifie que, contrairement aux autres organes du corps,
le cerveau se transforme dans la relation à l’autre.
Il y a 30 ans, on pensait que le cerveau produisait et déterminait les émotions.
Aujourd’hui, on pense que c’est interactif.
C’est-à-dire que ce n’est pas seulement le cerveau qui produit les émotions,
mais on sait aujourd’hui que les émotions structurent le cerveau : si on ressent régulièrement certaines émotions positives, cela va structurer le cerveau ainsi.
Si on ressent des émotions positives, on va penser autrement.
En 1994, Baxter a démontré que certains types de thérapie, dont la Gestalt, ont des effets significatifs et durables sur le taux de sérotonine, comparables à la fluoxétine : cela signifie que le cerveau se modifie par la pensée. La différence est que la molécule agit plus vite que la psychothérapie, mais statistiquement ses effets sont moins stables dans la durée. La psychothérapie a un effet qualitatif, que ne pourra jamais avoir une molécule.
Cela donne un autre sens à la vie : les médicaments sont intéressants, mais ils doivent toujours être suivis ou accompagnés par une psychothérapie (c’est même maintenant le discours officiel !), par un travail de mise en mots.
Serge Ginger dit que la psychothérapie est une chimiothérapie, car elle agit aussi au niveau du cerveau.
Librement adapté de Serge Ginger par Arnaud Sébal