Le guide pour des relations apaisées pendant les fêtes
Les fêtes de fin d’année approchent, et avec elles cette impression familière de devoir composer avec les attentes de chacun. Vous imaginez déjà certaines remarques, les silences chargés de sens, les obligations implicites, les traditions auxquelles il semble impossible d’échapper. Vous vous préparez à être présent(e), disponible, souriant(e)… parfois au prix de votre propre équilibre.
Chaque année, beaucoup vivent cette période avec une profonde ambivalence. D’un côté, le désir sincère de partager, de se retrouver, de célébrer le lien. De l’autre, une fatigue anticipée, la peur de s’oublier une fois de plus.
Si vous vous reconnaissez là-dedans, vous êtes loin d’être seul(e).
Des milliers de personnes vivent les fêtes comme un terrain relationnel sensible, où il devient difficile de dire non, de poser des limites, ou simplement d’exprimer ce dont elles ont besoin sans se sentir coupables.
Et si cette année était différente ?
Imaginez si vous pouviez traverser cette période en restant en lien avec les autres sans vous couper de vous-même ?
Lisez cet article, je vous donne de précieux conseils.
Pourquoi c’est si difficile d’exprimer ses besoins pendant les fêtes ?
La difficulté à exprimer vos besoins en famille ne vient pas de nulle part. Elle s’inscrit dans une histoire longue, souvent ancienne, tissée dès l’enfance.
En Gestalt, on observe que les enjeux touchent profondément les questions d’attachement et d’estime de soi, et que tout cela a été construit au contact des figures parentales.
Très tôt, beaucoup apprennent, parfois sans mots, que leurs besoins passent après ceux des autres.
Les messages sont parfois explicites :
« Fais un effort, c’est important pour la famille.»
Peu à peu, une croyance s’installe : exprimer ce que je ressens ou ce dont j’ai besoin risque de déranger, de décevoir, voire de mettre en danger le lien. Votre système nerveux apprend alors à associer l’affirmation de soi à un risque relationnel.
En Gestalt, on parle d’ajustements conservateurs. Pour préserver le lien, vous vous adaptez. Vous vous taisez. Vous acquiescez. Vous minimisez ce qui se passe en vous. Vous endossez le rôle du membre de la famille « facile », « compréhensif », « solide ».
Mais ce qui n’est pas dit ne disparaît pas. Les besoins ignorés se transforment en tensions internes, en fatigue émotionnelle, parfois en irritabilité ou en retrait.
Les fêtes, par leur intensité relationnelle, viennent souvent révéler ce qui était déjà là.
Le poids invisible des traditions familiales
Les traditions ont une valeur affective forte. Elles racontent une histoire, une appartenance, une continuité. Mais elles peuvent aussi devenir rigides, figées, et laisser peu de place à l’évolution des personnes.
Dans certaines familles, remettre en question l’organisation des fêtes peut être mal vécu. Changer d’horaire, proposer une autre répartition des rôles, ou simplement exprimer un besoin différent peut être perçu comme une offense contre l’équilibre familial.
Vous vous retrouvez alors pris entre deux élans contradictoires : le désir d’être fidèle à vous-même, et celui de préserver la paix relationnelle.
Les personnes qui parviennent à sortir de ce dilemme ont souvent vécu un déclic important. Elles ont compris que prendre soin de leur bien-être émotionnel ne signifie pas rejeter leur famille, mais changer la qualité du lien.
La communication devient alors un acte de responsabilité relationnelle, et non de rupture.
Reconnaître les signaux d’alerte relationnels
Certaines tensions sont si anciennes qu’elles finissent par sembler normales.
Pourtant, certains signaux indiquent clairement que la relation vous coûte plus qu’elle ne vous nourrit, surtout pendant les fêtes.
Vous pouvez vous interroger si, par exemple, vous ressentez une appréhension marquée avant les réunions familiales, si vous évitez certains sujets par peur des réactions, ou si vous vous sentez vidé(e) après quelques heures passées ensemble.
Parfois, vous anticipez les critiques avant même qu’elles ne soient formulées, ou vous adaptez votre comportement pour éviter tout conflit.
Ces signes ne signifient pas que votre famille est « toxique », mais qu’un déséquilibre relationnel est présent. Une relation devient réellement problématique lorsqu’il n’y a plus de place pour votre vécu, lorsque vos limites sont systématiquement ignorées, ou lorsque vos émotions sont minimisées.
Reconnaître cela ne veut pas dire rompre le lien. Cela signifie reprendre votre place dans la relation.
Gérer les tensions sans vous perdre
Les conflits familiaux sont des opportunités pour grandir, faire un travail sur soi. Souvent, ce sont des tentatives maladroites de dire quelque chose d’important. Le véritable danger n’est pas le conflit, mais l’évitement permanent ou la répétition de disputes sans réparation.
Lorsque vous vous sentez mal à l’aise dans une conversation, regardez ce qui se passe dans votre corps. Souvent, vous sentez votre respiration s’accélérer, vous sentez une tension interne.
Votre premier levier reste physiologique : essayez de ralentir votre respiration, de parler plus doucement, de prendre un temps avant de répondre. Ca permet déjà de désamorcer beaucoup de tensions. Votre calme agit comme un régulateur dans le système relationnel.
La technique du « disque rayé » peut aussi être précieuse face aux pressions répétées. Répéter calmement votre position, sans vous justifier davantage, envoie un message clair et stable. Vous n’avez pas à convaincre pour être légitime.
Reformuler ce que l’autre exprime avant de répondre permet de mettre de la conscience sur ce qui a été dit. Être entendu(e) ne signifie pas obtenir gain de cause, mais c’est se sentir reconnu(e) dans vos ressentis et votre façon de penser.
Poser des limites claires
Poser une limite, ce n’est pas fermer la relation, c’est lui donner une structure. Une limite bien posée protège le lien au lieu de l’abîmer.
Il est souvent plus efficace d’exprimer vos limites de manière positive et orientée vers ce qui est important pour vous. Par exemple, parler de votre besoin de repos, de calme ou de respect plutôt que de ce que vous refusez catégoriquement.
La cohérence entre vos paroles et vos actes est essentielle. Si vous annoncez une limite mais que vous la franchissez vous-même sous la pression, le message devient flou. Tenir votre parole, même avec inconfort, permet au système familial de s’ajuster progressivement.
Prendre soin de vous pendant les fêtes
Prendre soin de vous est essentiel. C’est une condition pour rester disponible à l’autre sans vous épuiser.
Créer des rituels de transition avant et après les rencontres, doser votre présence selon votre énergie réelle, préparer à l’avance certaines réponses, prévoir des temps de solitude, tout cela contribue à maintenir votre équilibre.
Vous pouvez aussi vous appuyer sur des personnes ressources dans votre entourage, celles avec qui vous vous sentez soutenu(e) et compris(e). Le lien ne se vit pas toujours avec tout le monde de la même manière.
Transformez votre culpabilité en responsabilité relationnelle
La culpabilité apparaît souvent lorsque vous commencez à changer. Elle est le signe que vous sortez d’un ancien rôle. Vous pouvez l’accueillir en écoutant ce qui se passe en vous et en vous questionnant sur votre frontière contact.
Demandez-vous :
De quoi suis-je réellement responsable ici ?
Qu’est-ce qui m’appartient, et qu’est-ce qui appartient à l’autre ?
En Gestalt, la responsabilité relationnelle ne consiste pas à porter le bien-être de l’autre, mais à être clair avec soi-même et avec l’autre.
Exprimer vos besoins est le début du chemin vers vous. Il se construit pas à pas. Chaque fois que vous osez dire quelque chose de vrai, même maladroitement, vous ouvrez la porte à des relations plus authentiques et plus vraies.
Et quand les fêtes réveillent le deuil
Les fêtes peuvent aussi raviver un deuil, récent ou ancien. Une absence autour de la table, une place vide, une voix qui ne répond plus.
Dans ces moments-là, exprimer vos besoins devient encore plus délicat. Vous pouvez ressentir le besoin de vous retirer, de ralentir, ou simplement de ne pas faire semblant d’aller bien.
Ce besoin est légitime. Le deuil ne suit pas le calendrier des traditions.
En Gestalt, nous considérons que respecter son rythme émotionnel est une forme profonde de loyauté envers soi.
Dire « cette année, je n’ai pas l’énergie » ou « j’ai besoin de faire les choses autrement » n’est pas un manque d’amour. C’est une manière de prendre soin du lien, sans vous trahir.
Traversez les fêtes autrement
Les fêtes ne deviendront peut-être jamais parfaitement sereines. Elles continueront à réveiller des histoires anciennes, des attentes, des sensibilités.
Mais vous pouvez choisir de vous laisser toucher ou non et de les traverser autrement en cessant de vous oublier, en prenant votre place, en acceptant que rien n’est figé et que les liens évoluent.
Exprimer vos besoins ne va pas vous éloigner des vraies relations, cela va les rendre plus justes, plus vivantes, plus durables.
Et si, cette année, le plus beau cadeau que vous vous offriez était simplement celui-ci : être en lien sans vous perdre ?
Si vous voulez aller plus loin et que vous envisagez une reconversion professionnelle dans la relation à l’autre, vous pouvez contacter nos conseillers pédagogiques en cliquant sur le lien ci-dessous.
Le métier de Gestalt thérapeute est un métier riche et profond qui permet d’accompagner les personnes au cœur de leurs relations, de leurs émotions et transformations profondes.
C’est un métier humain, engagé et vivant, qui demande de la présence, de la conscience et une vraie qualité de lien et qui consiste à rencontrer l’autre dans ce qu’il traverse, avec respect et authenticité.
Arnaud Sébal
Cet article s'appuie sur le contenu fourni par Arnaud Sébal, directeur et fondateur de l'Ecole Humaniste de Gestalt
Aurélie Marchand
Article écrit par Aurélie, rédactrice web de l'Ecole Humaniste de Gestalt et Gestalt praticienne
Je vous invite à me laisser un commentaire pour me dire ce que vous avez pensé de notre article. Je lis chacun de vos messages.
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Foire aux questions (FAQ)
- En quoi la Gestalt thérapie est-elle différente des autres formes de thérapie ? La Gestalt se vit dans l’instant présent. Elle met l’accent sur l’expérience, sur la conscience de soi ici et maintenant. Ce n’est pas une analyse du passé, c’est une rencontre avec ce qui est vivant aujourd’hui, dans le corps, les émotions, la relation.
- Est-ce que cette formation est adaptée si je suis en reconversion professionnelle ?
Oui. La plupart des personnes qui nous rejoignent sont justement en transition. Les formats sont pensés pour cela, avec des week-ends, des temps en visio, et un accompagnement personnalisé. Vous avancez à votre rythme, dans un cadre bienveillant. - Que signifie “vivre selon les saisons intérieures” dans la formation Gestalt ?
C’est une manière de reconnaître ses propres rythmes : temps de pause, d’élan, de récolte. Comme la nature, vous avez vos hivers et vos printemps. On vous apprend à écouter ces cycles pour mieux vous comprendre et vous ajuster dans vos choix. - Est-ce que je dois déjà avoir une expérience en thérapie pour m’inscrire ?
Pas du tout. Ce qui compte, c’est votre envie d’avancer, de vous engager dans un processus vivant. La formation vous accompagne pas à pas, même si vous partez de zéro. Et si vous hésitez, un simple rendez-vous avec un conseiller peut déjà éclaircir beaucoup de choses.


